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Des cumuls de pluie particulièrement élevés
Alors que les hautes pressions dominent en cette fin d’année sur la France, aucune pluie significative n’est attendue d’ici le début de l’année 2025 sur notre pays, une situation qui contraste fortement avec ce que nous avons pu connaître ces derniers mois.
En effet, l’année 2024 fut marquée par un temps particulièrement perturbé sur la grande majorité du pays, la faute à un flux océanique particulièrement actif et surtout persistant, apportant son lot de pluies de façon très récurrente.
Pressions moyennes entre avril et octobre 2024 sur l’Europe – Climate Reanalyzer
Cette influence océanique très perturbée a d’ailleurs perduré durant toute une année glissante sur notre pays, celle-ci débutant durant la seconde moitié du mois d’octobre 2023 et persistant jusqu’au mois d’octobre 2024. Depuis le début du mois de novembre cependant, les hautes pressions reprennent plus facilement le dessus sur une partie de l’Ouest de l’Europe et s’installent surtout plus durablement que ce que nous avons pu connaître ces derniers mois, à l’image de cette fin d’année calme et sèche sur la totalité de la France.
Ainsi, ce temps très humide et perturbé persistant jusqu’à la fin du mois d’octobre 2024 a apporté des cumuls particulièrement importants sur la quasi-totalité de la France.
Cumuls de précipitations en France depuis le 1er janvier 2024 – Météo-Villes
C’est notamment près des reliefs de l’Est, aux abords du Massif Central ainsi que près des Pyrénées que ces cumuls sont les plus notables, dépassant souvent les 1000/1200mm sur ces secteurs, localement plus de 1800 voire 2000mm sur les zones les plus exposées comme les massifs frontaliers des Alpes, les abords de l’Ardèche ou certains secteurs des Pyrénées. Sur le reste du pays, on relève en général entre 600 et 900mm depuis le début de l’année et seuls certains secteurs du Roussillon ont relevé moins de 500mm en 2024, comme à Narbonne (11) où on relève 465,1mm depuis le 1er janvier, soit 27% de moins que la normale 1991-2020.
A l’échelle de la France, les cumuls sont pour la plupart nettement supérieurs aux normales 1991-2020 comme à Nice où on a dépassé les 1000mm depuis le 1er janvier (normale de 791mm) où encore à Paris où on a relevé 900.9mm cette année, dépassant largement la moyenne 1991-2020 de 634mm. Il n’avait d’ailleurs jamais autant plu sur une année calendaire à Paris, cette valeur représentant un record depuis le début des relevés météorologiques en 1873 !
Record de précipitations à Paris depuis le début des relevés météorologiques – via Meteoexpress
L’une des années les plus humides depuis le début des relevés
Le cumul depuis le 1er janvier dépasse les 1000mm en moyenne sur le pays, représentant un excédent pluviométrique d’environ 15%. Également, les sols sont restés plus humides que les normales durant 8 mois, entre les mois de mars et octobre, notamment sur un axe allant de l’Aquitaine au Grand-Est, du jamais vu depuis 30 ans.
C’est en effet entre mars et octobre que les précipitations ont été les plus récurrentes et les plus abondantes sur notre pays, en témoigne l’évolution de l’indicateur pluviométrique national.
Évolution de l’indicateur pluviométrique national sur la France depuis le 1er janvier – Via infoclimat.fr
De ce fait, l’année 2024 se place à la 10ème place des années les plus humides jamais observées depuis le début des relevés météorologiques. Également, cette année 2024 est la seconde année la plus pluvieuse du 21ème siècle, devançant les années 2014, 2008, 2001 et 2002 mais n’atteignant pas les niveaux de l’année 2000, année où le cumul national moyen avait largement dépassé les 1050mm.
Classement des années les plus humides en France depuis 1959 – Météo-France
On notera l’énorme contraste avec l’année 2022, qui avait été au contraire la deuxième année la plus sèche en France depuis 1959 et qui avait été marquée par la 3e plus longue période de sécheresse des sols de son histoire.
Des épisodes marquants
Année excessivement pluvieuse oblige, de nombreux épisodes marquants ont été observés à travers le pays depuis le 1er janvier.
On se souvient par exemple des inondations du début de l’année sur le Nord de la France, certaines communes se retrouvant sous les eaux de façon très récurrente depuis la fin de l’année précédente ou encore des épisodes méditerranéens successifs durant le mois de mars sur le Sud-Est du pays, une récurrence très inhabituelle en cette période de l’année.
Crue de l’Ardèche à Saint-Martin-d’Ardèche ce dimanche 10 mars 2024 – photo Élisabeth Goussard
Parmi les épisodes les plus marquants, on peut notamment noter les inondations majeures ayant concerné le Nord-Est de la France autour de la mi-mai, de fortes pluies (jusqu’à plus de 100mm en 24h) touchant ce secteur alors que les sols étaient déjà saturés d’eau par les perturbations successives des mois précédents.
1 mètre d’eau dans les rues de Bouzonville (57) en milieu de matinée du 17 mai 2024 – Photographie : mairie de Bouzonville
On se souvient également des crues torrentielles dévastatrices touchant l’Isère, notamment près du massif de l’Oisans, au début de l’été calendaire, de fortes pluies orageuses coïncidant avec une fonte importante du manteau neigeux en altitude.
Hameau de la Berarde (Isère) dévasté par le torrent des Etançons – 21 juin 2024 – Twitter SDIS38
Néanmoins, ce fut certainement le mois d’octobre qui fut le plus marquant en terme de pluies et inondations sur la France. Entre le 9 et le 10 octobre par exemple, le passage de l’ex-ouragan Kirk avait engendré des précipitations records et des inondations majeures entre l’embouchure de la Loire et la Belgique en passant par l’île-de-France.
Cumuls de pluie remarquables à Trappes et Paris ce mercredi 9 octobre 2024 – Météo Villes
Autour de la mi-octobre, c’est sur le Sud-Est que l’épisode pluvieux le plus marquant de l’année, voire de ces dernières années, s’est produit.
Entre le 15 et le 18 octobre, les cumuls ont parfois dépassé les 650/700mm du côté de l’Ardèche, parfois plus de 300mm sur le Sud des Alpes et localement plus de 100mm en moins de 24h dans le lyonnais, entraînant des inondations majeures sur ces secteurs, notamment entre l’Ardèche, la Lozère, la Loire et la Haute-Loire.
Cumuls de précipitations lors de l’épisode de la mi-octobre 2024 sur le Sud-Est – Météo-France
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