Republié via Innoreader Read More
Sur certaines plages françaises, la baignade est anormalement chaude en ce mois d’août 2024. Un constat qui s’observe un peu partout en Europe où mers & océans sont en surchauffe !
Jusqu’à 30°C dans l’eau en Méditerranée !
Si vous êtes actuellement au bord de la mer en Aquitaine, sur la côte d’Azur ou en Corse, vous aurez probablement remarqué que la température de l’eau est particulièrement élevée. En effet, on mesure actuellement plus de 24°C dans l’eau sur les plages basques ! Dans le golfe de Gênes, la surchauffe est impressionnante avec des températures de l’eau comprises entre 28 et 30°C sur les plages de la côte d’Azur et de la Corse ! Ce dimanche 4 août 2024, la bouée située au large de Monaco a atteint la barre symbolique des 30,0°C !
Température de l’eau de mer en surface le lundi 5 août 2024 – via meteociel.fr
La carte ci-dessous permet de montrer l’écart à la normale de la température de l’eau de mer. Si la situation est à peu près normale sur les côtes bretonnes (l’eau est même très fraîche sur l’ouest du Finistère) et aux abords du golfe du Lion (rafraîchissement de l’eau lié au mistral), les autres littoraux de l’hexagone connaissent une surchauffe notable. Sur la côte basque, la température de la mer est en moyenne 3 à 3,5°C supérieure à la normale ! L’anomalie est vraiment exceptionnelle dans le golfe de Gênes, atteignant localement +5°C sur la côte d’Azur et l’est de la Corse !
Écart à la normale de la température de l’eau de mer le mardi 6 août 2024 – via ECMWF
Une bonne partie de l’Europe concernée
Ces eaux anormalement chaudes ne sont pas observées que sur les littoraux français. Comme le montre la carte ci-dessous, une bonne partie des mers et océans qui bordent le continent européen enregistrent des températures de surface anormalement élevées. Sur les côtes italiennes, l’eau est en moyenne 4°C plus chaude que la normale (proche des 30°C). L’anomalie est également spectaculaire en Scandinavie : dans l nord de la Mer de Norvège et de la Mer Baltique, l’anomalie atteint +4 à +6°C ! En revanche, l’océan est plutôt frais sur la côte ouest de l’Espagne, où l’été est tempéré.
Écart à la normale de la température de l’eau de mer en Europe le mardi 6 août 2024 – via ECMWF
Ces anomalies marines impressionnantes s’expliquent notamment par un mois de juillet remarquablement chaud en direction du bassin méditerranéen ainsi que sur le centre et l’est de l’Europe. Dans les Balkans et jusqu’à l’ouest de la Russie, l’anomalie thermique sur les 31 jours de juillet 2024 a atteint +3 à +5°C et plusieurs pays ont connu leur mois de juillet le plus chaud depuis le début des mesures ! Juin 2024 avait également été très proche sur les mêmes zones. Ces anomalies chaudes durables dans l’air se transmettent logiquement à l’eau.
Anomalie thermique sur le continent européen en juillet 2024 – via climatebook.gr
Eau trop chaude : des conséquences néfastes
Si l’eau chaude a tendance à réjouir les vacanciers pour leur baigne, il existe des conséquences parfois dramatiques. Parmi elle, la mortalité importante des coraux. Ces espèces marines ne se développent que très lentement et sont incapables de s’adapter à des augmentations trop brutales de la température de l’eau. Celle-ci conduit à un phénomène de blanchiment des coraux. Si l’anomalie chaude est importante et dure dans le temps, le corail peut ainsi subir une mortalité importante. Cela représente une menace pour les nombreuses espèces qui y vivent, engendrant un appauvrissement considérable de la biodiversité marine.
Le blanchiment des coraux est causé par l’augmentation de la température de l’eau – via Mr Mondialisation
Les mers et océans sont également une formidable puit à CO2. En effet, on estime qu’environ 25 à 30% du CO2 émis par l’activité humaine est absorbé par les océans, un chiffre considérable mais dont la proportion pourrait diminuer. En effet, ce sont les eaux froides qui possèdent la plus grande capacité d’absorption. Des océans de plus en plus chauds absorberont moins de CO2, ce qui ne fera qu’augmenter sa quantité dans l’atmosphère, générant un cercle vicieux qui favorisera l’augmentation de la température de l’air et de la mer. De plus, ce mécanisme génère une acidification des océans, qui peut représenter une menace pour les écosystèmes marins à long terme.
Schéma montrant l’absorption du CO2 par les océans – via A. Vargas Terrones / AIEA