Météo Republié via Innoreader Read More
Les records de chaleur sont battus de plus en plus aisément, à tel point que nous avons perdu nos repères sur ce qu’est un été normal en France. La canicule est-elle encore une anormalité ?
La canicule, c’est normal ?
Ces derniers jours, nombreux sont ceux qui nous reprochent de parler de “canicule”. Pour certains, les grosses chaleurs ne seraient que la normale en été. Pourtant, c’est parfaitement faux. Beaucoup ont perdu leurs repères climatiques et se mettent à penser que 30 à 35°C sont des températures “de saison” en juillet ou en août en France. Or, à cette période de l’année, la moyenne des maximales est de 21°C à Brest, 23°C à Lille, 25°C de Nantes & Paris, 27°C à Bordeaux, 28°C à Lyon & Toulouse et souvent 29 à 31°C près de la Méditerranée. S’il est normal qu’il fasse “chaud” (ce terme est employé dès 25°C), les fortes chaleurs ne sont en revanche pas une norme du climat Français (hormis en Méditerranée).
Températures maximales moyennes en France aux mois de juillet et d’août – Météo Villes
Cependant, il semble de moins en moins approprié de comparer le climat actuel aux moyennes intégrant encore la fin du siècle dernier, tant le réchauffement s’est accéléré depuis… L’épisode que nous venons de vivre en est la parfaite illustration. Alors que nous vivons un été globalement tempéré avec un flux d’ouest très fréquent, nous avons tout de même réussi à battre des records de chaleur et le sud-est aura vécu deux canicules. L’accumulation de chaleur est telle sur le nord de l’Afrique et la Méditerranée que le moindre basculement du flux suffit à l’emballement du thermomètre. C’est la grosse différence avec le climat d’antan : il n’est plus nécessaire d’avoir des configurations météo exceptionnelles pour vivre une canicule.
Situation météo dominante cet été avec pics temporaires de chaleur intense – Météo Villes
Un épisode loin d’être anodin
Même si la France a vécu des canicules bien plus sévères et plus durables que celle que nous venons de vivre, l’épisode ne fut pas banal pour autant. En effet, des records sont tombés dans plusieurs régions au cours des derniers jours. Parmi les plus notables, on peut notamment citer les 41,1°C mesurés à Biscarrosse sur la côte landaise en après-midi du dimanche 11 août 2024, battant l’ancien record mensuel de 40,7°C jusqu’alors détenu par la fameuse canicule d’août 2003. Ce 11 août, il a fait 41,4°C à Pissos dans les Landes, 41,3°C à Cazaux en Gironde ou 40,3°C à Navarrenx dans les Pyrénées-Atlantiques, des valeurs remarquables.
Températures maximales mesurées le dimanche 11 août 2024 – carte meteored
Le lendemain – lundi 12 août 2024 – ce fut au tour du nord et de l’est de la France de subir le pic de chaleur, jusqu’en Corse. Les températures ont atteint des niveaux remarquables dans certains secteurs, surtout si tard dans l’été. Ainsi, la station de Dunkerque en bordure de la Mer du Nord a mesuré une valeur de 35,2°C ! Dans les Alpes-Maritimes, Nice a franchi les 35°C pour la première fois en plus de 4 ans ! Non loin de là, la station de Menton a battu son record de chaleur pour un mois d’août avec une maximale de 36,9°C ! Parmi les valeurs notables, on a relevé 37,1°C à Paris & Beauvais, 37,8°C à Lyon et 38,8°C à Figari en Corse.
Record de chaleur à Menton et 35°C à Dunkerque le lundi 12 août 2024
Autre facteur remarquable associé : la température de l’eau de mer. Elle se situe actuellement à des niveaux remarquables voire records ! Sur certaines plages de la Manche et de la Mer du Nord, l’eau atteint 20 à 22°C. Dans le golfe de Gascogne, l’eau de l’Atlantique atteint parfois les 25°C ! Entre la côte d’Azur et la Corse, plusieurs relevés à plus de 30°C ont été réalisés ! D’ailleurs, la température de l’eau de l’ensemble du bassin méditerranéen vient de battre un record absolu…
Températures de l’eau de mer en surface le lundi 12 août 2024 – meteociel.fr
Défiance envers la communication sur la chaleur
Malgré tous les éléments évoqués ci-dessus, nombreux sont ceux qui ne supportent pas que l’on parle de canicule, ni même de chaleur. Ces derniers jours, de nombreuses invectives fusent sur nos réseaux sociaux, comme sur ceux des autres météorologues et journalistes abordant le sujet. En cause, un matraquage médiatique au sujet des températures élevées et du réchauffement…Comme nous l’avons déjà évoqué, certains médias ont tendance à tout mettre sur le dos du réchauffement et à en rajouter, ce qui nuit à la cause. Malgré tout, il est impossible de nier le lien évident entre l’augmentation de la fréquence des canicules et le réchauffement climatique global.
Les médias et météorologues sont accusés d’en faire trop durant la canicule
Malgré tout, chercher à banaliser les températures très élevées est une erreur pour une simple et bonne raison : les vagues de chaleur terrestres comme marines ont des conséquences très néfastes. Pour l’homme comme pour certaines espèces animales, un fragment non-négligeable de la population peine à s’adapter aux grosses chaleurs, ce qui entraîne une surmortalité. Ce n’est pas mieux sous l’eau. Une eau beaucoup trop chaude peut entraîner une mortalité importante des coraux, ce qui représente une menace pour les nombreuses espèces qui y vivent, engendrant un appauvrissement considérable de la biodiversité marine.
Le blanchiment des coraux est causé par l’augmentation de la température de l’eau – via Mr Mondialisation