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Comme la plupart des régions françaises peuvent le constater, ce début d’été est encore bien humide et sujet aux variation de température. Les zones à proximité de l’Océan ou dans la moitié Nord ne comptent encore que très peu de jours de chaleur, et aucune période de chaleur durable.
Le bassin méditerranéen est en surchauffe, comme l’Europe de l’Est – La France reste à la traîne – via ClimateBook
Une chaleur bien présente sur le Bassin Méditerranéen
Même en France, la chaleur est en fait bien présente, mais ne concerne réellement que la Provence depuis le début du mois de juillet. Ce week-end, alors que la fraîcheur est présente sur tout le territoire, des maximales particulièrement élevées sont encore présentes entre les Bouches-du-Rhône, les Alpes de Haute Provence, et plus particulièrement le Var et les Alpes-Maritimes.
Valeurs maximales relevées en France ce 13 juillet 2024 – MeteoVilles
Dans le détail, nous pouvons voir que ces valeurs ont à nouveau frôlé les +40°C dans le Var à Cogolin qui connaît une série de journées particulièrement chaudes. Les Alpes-Maritimes ont également enregistré une valeur de +37.5°C à Pégomas. Dans l’ensemble, l’Est de la Provence connaît des valeurs supérieures à +35°C.
Températures maximales observées dans l’Est de la Provence ce 13 juillet 2024 – Meteociel/MeteoVilles
Est-ce un effet météorologique, ou climatologique?
La climatologie française est bien connue. En été, plus nous nous dirigeons vers le Sud, plus il fait chaud. Ainsi, est-ce juste un effet du climat français que nous observons avec cette absence de remontée des températures?
Pour le déterminer, utilisons deux villes de la moitié Nord. Troyes, et Rouen, plus au Nord-Ouest.
Troyes présente une hausse ralentie des températures par rapport à son évolution saisonnière. Il y a donc une impression de “stagnation” (segment de pente violet) des températures depuis le printemps, associé à une forte humidité. Ces conditions donnent le sentiment d’un début d’été pourri commun à tout le Bassin Parisien. Les pics de chaleur sont rares et très isolés.
Evolution des températures journalières / Relevés et écart aux normes à Troyes – Infoclimat
Rouen est sensé avoir un climat plus frais que Troyes en été, étant plus influencé par l’Océan et la Manche. Les températures sont effectivement plus basses dans cette ville.
Néanmoins, nous pouvons observer que l’écart négatif aux normes est beaucoup plus important qu’à Troyes : les pics de chaleur sont encore moins nombreux et plus isolés, les températures moyennes beaucoup plus fréquemment dans le bleu, et plus basses. Le segment de pente est également encore plus aplani.
Evolution des températures journalières / Relevés et écart aux normes à Rouen – Infoclimat
La climatologie française avec un dégradé Nord/Sud ne suffit donc pas à elle seule à expliquer cette absence de remontée de l’air chaud dans les régions du Nord. Il s’agit donc bien d’un évènement à relier à un aléas météorologique.
Quelle est l’origine de cet aléas météorologique?
Aux intersaisons (printemps, automne), les cartes structurant le pattern météorologique en place sont généralement rebattues.
Cette année, le phénomène peut s’expliquer de la sorte;
L’hiver, encore une fois très doux présentait une configuration de type NAO+ avec de fortes dépressions sur l’Atlantique et un anticyclone persistant en Europe.
En fin d’hiver puis au début du printemps, l’activité dépressionnaire Atlantique s’est renforcée (inondations dans le Nord, début d’une série d’épisodes pluvieux intenses). Avec l’avancée de la saison, l’anticyclone subtropical a commencé à remonter, provoquant des faiblesses dans ses racines.
Attaqué par l’Ouest (Atlantique), des dépressions sont passées dessous pour venir s’isoler en Europe Occidentale. Il s’agit de la mise en place du régime de gouttes froides que l’on connaît depuis.
Depuis, les anticyclones se sont consolidés avec l’arrivée de l’été et campent sur leur position. L’activité dépressionnaire plutôt faible en juin/juillet peine à les faire bouger. Elles empruntent donc leur couloir ouvert au printemps et continuent de s’échouer au même endroit; en Europe Occidentale. La chaleur nous entoure, des records sont battus dans toute l’Europe… Mais nous restons au frais!
Cette activité dépressionnaire anormale sous forme de goutte froide est un épiphénomène, cette anomalie froide étant présente sur une fraction du continent.
Pouvons nous espérer de la chaleur durable cet été?
Les conditions nécessaires à l’arrêt de cette récurrence sont par exemple la reprise d’une activité dépressionnaire forte du côté de Terre Neuve, ou la constitution d’un dôme de chaleur sur la Méditerranée débordant progressivement vers l’Europe Occidentale. Ces conditions se retrouvent fréquemment en deuxième partie d’été, entre fin juillet et début septembre.
La situation actuelle opposée à une situation de chaleur classique sur notre pays, ici l’isolement d’une goutte froide au large du Portugal (plus probable en début de saison) – MeteoVilles
Hélas, une généralité n’étant pas une vérité absolue, la tendance saisonnière reste mystérieuse et pourrait contredire cette hypothèse. Il est en revanche raisonnable de penser à un épuisement de cette récurrence fraîche et humide durant le mois à venir.
Jérémie GAILLARD – Prévisionniste pour MétéoVilles