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Les Alpes sous la neige depuis l’Aiguille du Midi (Haute-Savoie) – 14 septembre 2024 – Skaping

 

L’été calendaire n’est pas tout à fait terminé mais l’automne météorologique a débuté au 1er septembre. Et il le démontre avec la survenue précoce d’une descente fraîche voire froide venue du Groenland en cette mi-septembre, la toute première de la saison sur la France et l’Ouest de l’Europe.

 

En cause, un système dépressionnaire d’étalant de la mer de Norvège jusqu’aux Alpes, plaçant toute l’Europe de l’Ouest dans un flux orienté au Nord. Cette configuration laisse le champ libre à l’arrivée d’une masse d’air froid venue directement du Groenland et de l’Islande vers notre pays depuis plusieurs jours.


Situation générale observée ce 12 septembre 2024 en Europe – ECMWF

 

Après des températures au-dessus des moyennes durant les tous premiers jours du mois, puis autour des normales du 5 au 9, le thermomètre a radicalement chuté depuis le 10 septembre sur notre pays. Une fraîcheur notable puisque l’indicateur thermique national (moyenne de 30 stations métropolitaines) affichait une température 4.4°C en-dessous des moyennes de saison lors de la journée du 12 septembre, et même jusqu’à 5.0°C pour celle du 13 septembre.

 

Avec un indicateur national de 13.0°C (contre 18.0°C en moyenne), ce 13 septembre 2024 est devenue la journée la plus fraîche observée pour une première moitié de septembre en France au 21e siècle.


Indicateur thermique national – anomalie quotidienne du 1er au 13 septembre 2024 (par rapport à la moyenne 1991-2020)

 

Lors de ces deux journées, la fraîcheur s’est montrée généralisée, et nous pouvions même parler de premier coup de froid. Le 14, c’est toute la moitié Nord qui a observée des températures proches voire inférieures à 5°C (pour une moyenne de l’ordre de 9-10°C en temps normal à cette période de l’année). Il fallait se situer près de la Méditerranée pour retrouver des minimales supérieures à 10°C. Les premières gelées ont été observées dès 600-700m d’altitude, avec en matinée du samedi 14 septembre jusqu’à :

-1.9°C à Barème (Alpes-de-Haute-Provence – 743m)

-0.8°C à Marmanhac (Cantal – 644 m)

-0.7°C à Aurillac (Cantal – 640m)

 

Pour les stations de plaine (altitude inférieure à 500m), nous sommes par endroit passé tout proche d’une première gelée remarquablement précoce entre les matinées du 13 et du 14 septembre :

0.2°C à La Fesnaye (Sarthe)

0.3°C à Courcité (Mayenne)

0.3°C à Flers (Orne)

0.7°C à Moumelon-le-Grand (Marne)

0.9°C à Rueil (Eure-et-Loir)

Du côté des stations dites du réseau “principal”, notons jusqu’à 1.8°C à Alençon (Orne), 2.6°C à Romorantin (Indre-et-Loire), 2.7°C à Paray-le-Monial (Saône-et-Loire), 2.8°C à Beauvais (Oise) ou encore 2.9°C à Charleville-Mézières (Ardennes).


Températures minimales observées en France – 13 septembre 2024


Températures minimales moyennes en septembre sur la période 1981-2010 – Infoclimat

 

Mais cette fraîcheur est également très marquée l’après-midi, avec des températures bien largement sous les moyennes. Entre le 12 et le 13 septembre, le thermomètre peinait à afficher plus de 15°C au meilleur de la journée dans le Nord-Est, et les 20°C n’étaient simplement dépassés qu’autour de la Méditerranée. Les moyennes à la mi-septembre étant pourtant comprises entre 20-22°C sur la moitié Nord, 23-25°C dans le Sud-Ouest et 25-27°C près de la grande bleue.

 

Parmi les températures maximales les plus basses observées les 12 ou 13 septembre, notons par exemple :

12.9°C à Chateau-Chinon (le 13)

13.2°C à Belfort (le 12)

13.6°C à Annecy (le 13)

13.9°C à Lons-le-Saunier et à Mulhouse (le 13)

14.0°C à Aurillac (le 12)

14.1°C à Saint-Etienne (le 12)

14.2°C à Millau (le 12)

13.9 à Nancy (le 12)

15.1°C à Lyon – Saint-Exupéry (le 12)

15.9°C à Paris – Montsouris (le 12)

18.5°C à Carpentras (le 12)

18.9°C à Bordeaux (le 13)

19.0°C à Aix-en-Provence (le 13)

19.4°C à Marseille-Marignane (le 13)

19.8°C à Avignon (le 13)


Températures maximales observées en France – 13 septembre 2024

 


Températures maximales moyennes en septembre sur la période 1981-2010 – Infoclimat

 

Cet air froid s’étant engouffré d’une part via la vallée du Rhône, et d’autre part le long des Pyrénées, à provoqué un très net renforcement du mistral et de la tramontane (186 km/h à Cagnano (2B), 130km/h au Cap Cépet (83), 121km/h au Cap Béar (66), 118km/h à Murs (84)).

 

Dès lors, un phénomène d’upwelling s’est manifesté sur les eaux Méditerranéennes : le vent repoussant les eaux chaudes de surface vers le large, c’est une eau bien plus froide venue des profondeurs qui a fini par remonter à la surface, faisant baisser radicalement les températures sur le golfe du Lion et jusqu’en Corse. En l’espace de moins d’une semaine, la température de l’eau a localement baissé de 8 à 10°C : c’est le cas au large de Marseille, où la bouée du Planier relevait plus de 25°C le 8 septembre contre seulement 15°C en ce 13 septembre !


Température de surface de la mer Méditerranée (Golfe du Lion et golfe de Gênes) – du 7 au 13 septembre 2024 – IFREMER

 


Température de l’eau en Méditerranée – bouée de l’île du Planier (Marseille) – du 8 au 14 septembre 2024 – Infoclimat

 

Enfin, cette séquence froide s’est aussi accompagnée des toutes premières chutes de neige en montagne, parfois des 1300-1400m sur les Alpes et le Jura notamment. Au delà de 1800m, une couche de plusieurs centimètres était observable, principalement sur les massifs Savoyards et Hauts-Savoyards.


Premières chutes de neige de la saison avec tenue au sol à Avoriaz (Haute-Savoie – 1800m) – 13 septembre 2024 – Skaping


Couche de neige au sol à Val d’Isère (Savoie – 2700m) – 13 septembre 2024 – Skaping

 

Des chutes de neige précoces bien que non exceptionnelles pour une mi-septembre sur les Alpes Françaises. Une situation bien plus anodine que celle observée sur les Alpes Autrichiennes, concernées par une goutte froide (dépression Boris) fortement chargée en humidité, provoquant d’impressionnantes chutes de neige : constatées dès 700m d’altitude, il est par endroit relevé près d’un mètre à la station de Obertauern, une situation inédite autant par sa précocité que par les quantités mesurées.


Chutes de neige impressionnantes dans les Alpes Autrichiennes à Obertauern – 14 septembre 2024 – Twitter @winfriedveil

 

 

Ironie du sort, ce premier coup de frais de la saison intervient tout pile un an après une véritable vague de chaleur voire même une canicule tardive. En effet, témoin de la variabilité interannuelle du climat français, la première partie du mois de septembre 2023 avait été la plus chaude jamais observée en France. Des centaines de records mensuels de chaleur avaient alors été battus, parfois plusieurs jours consécutifs, et ceci sur des stations avec des séries de données de plusieurs décennies… voire centennales. La barre des 35°C avait même été atteinte pour la première fois en 2023 les 8 et 9 septembre à Paris !

 

Du 4 au 10 septembre, les 35°C étaient dépassés jusqu’en Bretagne, Val-de-Loire, région Parisienne et même localement en Normandie, avec des pointes à 38 voire 39°C dans le Centre-Ouest. Le 9 septembre 2023 était la journée la plus chaude avec jusqu’à 35°C sur la quasi-totalité de la moitié ouest de la France, jusqu’en Normandie.


Situation et températures observées le 09 septembre 2024 – Météo-Villes

 

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